L’interview de Jean-Paul Mongin

Jean-Paul Mongin est un éditeur passionné et passionnant de la maison Les Petits Platons.

Ce qu’il aime le plus, c’est raconter des histoires aux enfants ! Les histoires, il va les chercher du côté de la philosophie, son domaine de prédilection. Et pour les enfants, il s’y connaît pas mal car il en a six !

Lire-Lire a voulu en savoir plus sur cette magnifique collection de philosophie pour les enfants.


Est-ce que vous pouvez nous décrire votre maison d'édition Les Petits Platons ?

Jean-Paul Mongin : J’ai créé les Petits Platons il y a maintenant 15 ans. Aujourd’hui la collection comporte une quarantaine de livres et nous sortons environ quatre livres par an. Mon idée était de proposer aux enfants de rentrer dans l’histoire de la philosophie. 

En effet, à l’époque de la création de ma maison d’édition, les livres qui traitaient de philosophie invitaient plutôt les jeunes lecteurs à se poser des questions mais rien n’existait sur les philosophes eux-mêmes. On ne trouvait pas de livres pour enfants qui racontaient la vie de Descartes, Aristote ou Kant. 

Comment avez-vous trouvé le moyen de raconter la philosophie aux enfants sans les ennuyer ?

J-P.M. : Il ne fallait pas raconter la philosophie avec des mots d’enfants car on aurait perdu l'essentiel du sens et on serait resté dans un propos théorique qui, en effet, aurait ennuyé les enfants.

Je ne voulais pas non plus faire de simples biographies de philosophes car pour certains d’entre eux, l'histoire de leur vie seule ne présente pas vraiment d’intérêt.

J’ai donc eu l’idée d’utiliser la fiction car les philosophes utilisent beaucoup les histoires pour développer leur pensée.

Pourquoi avoir choisi le nom Petits Platons pour votre maison d'édition ?

J-P.M. : La philosophie de Platon contient en germe toute la philosophie. Toutes les philosophies occidentales sont des sortes d’enfants de Platon.

En proposant aux enfants de lire notre collection, on leur propose de devenir des Petits Platons. De plus, le nom sonne bien !

Chaque livre comporte une intrigue qui permet de soutenir l’intérêt de l’enfant. Quelle importance accordez-vous à la qualité du récit ? 

J-P.M. : La qualité du récit est aussi essentielle que l’exactitude philosophique. Il est assez difficile de trouver des auteurs qui allient une connaissance de la philosophie à une capacité à soutenir l’intérêt de l’enfant dans un récit.

Récemment, j’ai proposé des expériences de co-écriture entre des auteurs pour la jeunesse et des philosophes. Le résultat est particulièrement intéressant.

Vos livres sont magnifiquement illustrés et avec des styles très divers. Comment se passe la collaboration entre les auteurs et les illustrateurs ?

J-P.M. : Le texte est confié à un illustrateur que nous choisissons pour son univers graphique. Nous veillons à ce que le style des illustrations aient un lien avec l’atmosphère du texte.

Nous choisissons un illustrateur différent pour chaque texte afin de souligner le caractère unique de chaque philosophie. 

Les livres de philosophie sont généralement réservés aux plus grands. En les rendant accessibles aux enfants, ne craignez-vous pas de trop simplifier ? 

J-P.M. : Il est sûr que dans un petit album on ne peut rendre compte de toute la philosophie d’un auteur. En revanche, je souhaite proposer au jeune lecteur, non pas un résumé d’une philosophie, mais de voir le monde à travers les yeux de Platon, Descartes…

 C’est une rencontre qui pourra l’aider à enrichir sa propre pensée. L’idée est d’accompagner le lecteur afin qu’il puisse trouver son propre chemin de pensée. 

Avez-vous des contacts avec vos lecteurs ? Tenez-vous compte de leurs avis sur vos livres ?

J-P.M. : Nous organisons des ateliers d’initiation à la philosophie autour des livres de la collection dans des théâtres, collèges…. C’est un bon moyen pour rencontrer nos lecteurs et les soutenir dans leurs premiers pas avec la philosophie.

Je me souviens d’un atelier au Kosovo où une jeune fille d’une quinzaine d’années est venue me dire que c’était la rencontre la plus importante de sa vie. Cela justifie toute cette entreprise éditoriale !

Faites-vous des tests auprès des enfants avant de publier les livres ? 

J-P.M. : Au début de la collection j’ai testé mes livres sur les enfants et cela m’avait aidé. Maintenant je suis tellement entouré d’enfants que je sens facilement ce qui fonctionne ou pas. Dès que je sors un nouveau livre, je le lis à mes enfants. Ils se moquent d’ailleurs parfois un peu de moi !

Vos enfants sont-ils intéressés par la philosophie ? 

J-P.M. : J’ai six enfants ! Les plus grands me font parfois l’amitié de fouiller dans la collection et les plus jeunes apprécient la collection des pops-ups pour les plus jeunes.

Pour l’anecdote, le plus jeune désignait tous les livres par le mot “Platon” ! 

Publiez-vous vos livres à l’étranger ? Sont-ils traduits ? Y-a-t-il des pays où la philosophie pour les enfants est mieux accueillie ?

J-P.M. : Les Petits Platons sont traduits dans plus d’une vingtaine de langues : japonais, coréen, chinois, russe ….et même en écossais ! 

La collection fonctionne bien lorsqu’elle est soutenue par des éditeurs dans leur pays. Par exemple en Turquie, elle marche très bien car l’éditeur s’est investi.

Quel est votre livre préféré parmi les Petits Platons ? Quel est le préféré de vos lecteurs ?

J-P.M. : Comme l’idée était complètement nouvelle, ce sont les premiers Petits Platons qui ont remporté le plus de succès. Diogène et Thalès sont peut-être ceux qui sont les plus appréciés. 

Pascal et Erasme sont plutôt mes préférés au point de vue littéraire et du point de vue de l’illustration je donnerais ma préférence à Wittgenstein pour sa nouveauté graphique. 

Pourrait-on dire qu’un Petit Platon est comme Tintin, pour les jeunes de 7 à 77 ans ?

Je dirais de 9 à 99 ans ! Car après 99 ans il faut lire les œuvres originales. La collection est un marchepied vers l'œuvre des philosophes !


Merci Jean-Paul pour ce moment passé avec vous !

Rendez-vous dans Lire-Lire pour découvrir les textes des éditions Les Petits Platons !

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