L’interview de Elise Courtois

Les éditions Talents Hauts nous font le plaisir de partager un grand nombre de livres avec Lire-Lire. Tu as peut-être lu la série des J’aime pas, les Flopsy ou tous les petits romans. Tous ces livres ont un point commun : ils refusent les clichés, les idées reçues !

Mais pour en savoir plus, Lire-Lire a rencontré Elise Courtois, une éditrice de cette formidable maison d'édition.

 

Bonjour Elise, est-ce que vous pouvez nous décrire votre maison d’édition ?

Elise Courtois : Talents Hauts est une maison d’édition indépendante, qui publie des livres pour les enfants, les adolescents et les adultes.

Elle a été créée il y a vingt ans, en 2005, avec la volonté de proposer aux lecteurs et lectrices des livres qui déconstruisent les stéréotypes et les clichés sexistes. Le nom de Talents Hauts a été choisi pour mettre en valeur cet aspect. C’est un jeu de mot avec « talons hauts » : dans cette maison d’édition, ce sont les talents qui sont hauts, et non les chaussures à talons, symbole du contrôle des femmes.

 

Quels sont les titres qui ont remporté le plus de succès ?

E.C. : Parmi les plus gros succès de Talents Hauts, il y a La princesse et le dragon, qui est aussi le premier titre publié par la maison en 2005. Il raconte l’histoire d’une princesse qui combat seule un dragon et refuse d’épouser le prince. Il y a aussi la série de romans Esther et Mandragore, l’album Le zizi des mots, qui dénonce le sexisme de la langue française, ou La déclaration des droits des filles.

 

Pouvez-vous expliquer ces succès ? Correspondent-ils à vos titres préférés ?

E.C. : Ces ouvrages doivent sans doute leur succès à leur originalité : les enfants en ont assez de voir toujours le même type de personnage dans leurs livres (un garçon fort et courageux, une fille douce et raisonnable). Esther a un fort caractère, et Le zizi des mots fait beaucoup réfléchir ! Je les aime beaucoup aussi.

Vous avez partagé avec Lire-Lire plusieurs titres de la série des Flopsy. Pourquoi avoir choisi un lapin si méchant ?

E.C. : Pour deux raisons. D’abord, faire réfléchir sur la notion d’apparence et les stéréotypes. Flopsy est physiquement adorable, mais joue de cette apparence mignonne pour se jouer des humains et des animaux. Ensuite, cela permettait d’initier le jeune lectorat à la notion d’ironie, qui consiste à se moquer de quelqu’un ou quelque chose en disant le contraire de ce qu’on veut exprimer. Flopsy pratique très bien cet art ! Cela permet aux lecteurs et lectrices d’apprendre à exercer leur esprit critique.

Pouvez-vous nous parler de la série des Esther et Mandragore que nous allons proposer dans Lire-Lire cette année ?

E.C. : Esther et Mandragore est une série de cinq romans. On y suit le personnage d’Esther, une enfant sorcière qui a reçu un laissez-passer pour visiter le monde des humains (le nôtre, donc !). Dans son monde de sorcières, il n’y a que des femmes (on appelle cela un matriarcat) car les sorciers ont été bannis il y a très longtemps. Esther va donc observer la façon dont femmes et hommes vivent ensemble sur Terre (peut-être pour faire revenir les sorciers ? Seule la suite de la série nous le dira…).

Quel est votre livre préféré parmi les nouveautés ?

E.C. : Je peux vous parler d’un livre qui n’est même pas encore sorti ! Il s’agit de La fille invisible, de Liza Kerivel, illustré par Gwenaëlle Doumont. Il raconte l’histoire de Gabrielle. Elle a trois grands frères, et à la maison comme au collège, elle a toujours l’impression d’être invisible. Jusqu’à ce qu’une fée lui vienne en aide. C’est une façon de parler du sentiment de transparence que ressentent souvent les filles au début de l’adolescence.

Comment se passe la collaboration entre les auteurs et les illustrateurs ?

E.C. : Nous recevons environ 2000 manuscrits par an, par La poste ou par e-mail. Mais nous publions 25 livres par an seulement… Il y a donc un énorme travail de lecture et de choix qui se fait entre les éditrices. Nous choisissons les textes en fonction de leur qualité littéraire, mais aussi de critères qui sont spécifiques à Talents Hauts : la réflexion autour des stéréotypes, notamment. Ce qui serait rédhibitoire pour nous, ce serait un projet sexiste !
Lorsque le manuscrit est retenu, nous réfléchissons à une personne pour l’illustrer. Ce choix se fait en concertation avec l’auteur ou l’autrice, et en fonction de la disponibilité de l’artiste.

Auriez-vous une anecdote à nous raconter dans votre parcours d’éditeur ?

E.C. : Dans la série Esther et Mandragore, je me souviens d’une correction que nous avons faite sur le texte, qui reflète bien notre travail chez Talents Hauts. Dans le tome 3, Sortilèges et botanique, alors qu’Esther rencontre une vieille dame, nous avons fait remplacer le terme « grand-mère » par celui de « vieille dame » pour désigner ce personnage dont on ne savait rien avant (page 54). En changeant un seul mot, nous avons évité une injonction à la maternité : toutes les femmes ne sont pas forcément mère, ou grand-mère.

Et pour finir, pour vous un livre doit-il d’abord, faire rire, faire réfléchir ou faire rêver ?

E.C. : L’idéal, c’est lorsqu’il fait les trois ! Je crois que ce que je préfère dans un livre, c’est quand il me surprend. Avec une façon de raconter originale, des personnages différents, une fin inattendue. Relire toujours la même chose ou les mêmes histoires, quel ennui !


Merci Elise pour ces lumières sur votre maison d’édition !

En 2025, plus d’une dizaine de titres de chez Talents Hauts vont entrer dans Lire-Lire ( dont la fameuse Esther). Guettez-les ! Ils vous raviront !

Pour plus d’informations, n’hésitez pas à consulter nos autres posts sur notre application et nos articles d’actualité pour connaître l’actualité avec les nouveautés et nos suggestions de lecture !

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